Nous avons passé la soirée au Mas de la Comtesse, on vous raconte !
Le Mas de la Comtesse est une manade camarguaise dont le nom original dit tout de sa longue histoire. Les terres, idéalement situées au bord du canal, appartiennent à la Comtesse d’Aigues-Mortes depuis des générations. Il y a plus de 10 ans maintenant, Stéphanie et Vincent s’y installent et décident d’y vivre pleinement leur passion pour la Bouvine et les traditions camarguaises. Exploitation agricole avant tout, le Mas de la Comtesse compte actuellement 150 bêtes élevées essentiellement pour les évènements taurins de la région. Ils nous ouvrent leurs portes pour une soirée inoubliable au cœur de la Camargue et de ses traditions…
Du tri …
Il est 19h, la chaleur de l’après-midi s’estompe à peine et dans le toril, la manade[1] de Taureau forme une masse noire luisante d’où émergent quelques banes[2] impressionnantes. Impeccablement alignés face aux taureaux, les gardians et leurs fameux chevaux blancs attendent l’ordre du manadier pour s’élancer chacun leur tour. Une des principales missions du « cow boy camarguais » est de trier les taureaux. Il s’agit de pénétrer à cheval au cœur du troupeau pour en isoler une des bêtes afin de la soigner, la marquer ou la mener à l’arène par exemple. L’opération est toujours risquée car le taureau camarguais reste un animal semi sauvage…
[1] La manade désigne avant tout le troupeau avant le lieu où on l’élève !
[2] Les cornes du cocardier, animal vedette de la course camarguaise.
Ce soir, une des montures se fâche et jette sa cavalière à terre après une vigoureuse série de ruades. La poussière vole, l’assistance est médusée mais la vaillante gardiane se relève et reprend, sans lui en vouloir, les rênes de son cheval ! La mission est tout de même accomplie mais faire face au taureau n’est jamais anodin !
… à la ferrade.
Une foi les taureaux triés, il est temps de les marquer. Arrivant au grand galop depuis le fond du pré, la troupe des gardians poursuit la bête à marquer dans le soleil déclinant. Soulevant un nuage de poussière, fonçant droit vers l’assistance, la cavalcade est impressionnante et magnifique. A vos appareils photos !!
Les fers sont au feu et, avec l’aide des hommes à pieds, l’anouble[1] est vite immobilisé malgré sa vigueur. La ferrade, l’apposition de l’emblème de la manade sur la cuisse gauche de l’animal, est une opération ancestrale en Camargue et y assister est toujours un grand moment.
[1] L’anouble est un taurillon d’un an.
Les guitares de Nenin et ses gipsy accompagnent le travail des gardians avec entrain !
Après le travail, la fête !
Le Mas de la Comtesse possède ses propres arènes. Les gardians y rivalisent d’adresses dans une suite endiablée de jeux ancestraux. Principale attraction des courses camarguaises, les raseteurs défient les taureaux, voltigeant avec adresse à quelques centimètres de leurs naseaux.
Quatre jeunes gardianes mettent ensuite en valeurs, avec grâce, les qualités d’agilité et de vivacité de leurs magnifiques chevaux Camarguais. Ces cousins de Crin-Blanc sont les dignes représentants de l’une des plus anciennes races équines du monde. On les admirera encore, ainsi que l’habileté de leurs cavaliers, dans la roussataïo (défilé du troupeau de juments), le jeu du bouquet ou encore le jeu de l’orange, commenté avec brio par Stéphanie elle-même.
Le passage aux arènes se termine par la bandido, fantastique cavalcade où cavaliers et chevaux raccompagnent les taureaux aux champs aux grands galops à travers les rues des villages! La mêlée est spectaculaire, mais en dépit des apparences, la technique, le savoir-faire et la maîtrise des gardians est étonnante !
A table !
Les taureaux ont à peine quitté les arènes que déjà les notes de Nenin et ses Gipsy appellent à prendre l’apéritif. La brasucade de moules préparée par le chef est délicieuse. Tout en se léchant les doigts, on se raconte les moments les plus marquants de la soirée, les commentaires vont bon train, la convivialité règne. Déjà les plus festifs esquissent les premiers pas de danse !
A table, la traditionnelle Gardianne de Taureau accompagnée de son Riz de Camargue régale tout le monde, d’autant qu’elle est parfaitement arrosée, c’est d’ailleurs une bête de la manade qui fera le bonheur des convives ; difficile de faire plus local !
Les guitares animent joyeusement le défilé des plats et le temps semble même suspendre sa course alors que Nenin et ses compagnons entament un authentique flamenco…
C’est une très bonne fougasse d’Aigues-Mortes qui précède le café. Délicate attention, il est accompagné d’un petit chocolat doré à l’emblème du Mas de la Comtesse !
La soirée se termine et s’éloignant du Mas, c’est un peu la Camargue que l’on a l’impression de quitter. Durant ces quelques heures nous avons réellement eu le sentiment de plonger au cœur de la Camargue. Vincent et Stéphanie sont des hôtes passionnés et attentionnés, ils aiment leur territoire et leur métier. Mais ils aiment tout autant les faire découvrir et partager de bon moments avec leurs visiteurs.
A découvrir sans tarder!
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